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Dawn of Beauty

Laure de Cugnac Haute Joaillerie

Quand on rentre dans les ateliers où travaille Laure, il faut accepter de se laisser guider à travers un dédale de couloirs étroits, dans un fourmillement sonore intense et laborieux afin de rejoindre son établi personnel. D’autres joailliers partagent les lieux, tous affairés sur leur ouvrage en cours et dont les éclats brillants piquent la curiosité à vif, m’appâtant telle une pie autour d’un trésor qui scintille. Le parquet grince, une porte entrouverte laisse échapper les vibrations d’un nettoyeur à ultrasons, plus loin un aspirateur avale avec précautions quelques poussières d’établis. Ce jour-là flotte quelques notes hivernales de Vivaldi, semblant orchestrer la curieuse chorégraphie de créateurs allant et venant d’une pièce à l’autre, ainsi que le ballet de leurs doigts agiles bien occupés…

C’est dans la pièce du fond que Laure crée, blouse blanche et cheveux relevés en arrière. Son établi au bois bien poli par le temps est parfaitement rangé ; chaque outils, chaque boîte, chaque produit est à sa place. Il faut dire que Laure est une femme exigeante et précise, à l’image de sa discipline. Venant d’une famille très sensible à l’art et la culture, c’est à l'âge de huit ans qu’elle découvre la joaillerie dont la minutie du métier et l’intelligence de la main la fascinent au plus haut point. Après son bac, elle se forme pendant quatre années à la Haute École de Joaillerie à Paris. Sa détermination lui ouvrira la porte des ateliers de la maison Chanel puis de Cartier. C’est en janvier 2019 qu’elle passe un grand cap en fondant la marque Cugnac Haute Joaillerie Paris.

La force de Laure réside d’abord en sa parfaite maîtrise du processus complet de création d’un bijou. Du dessin préparatoire, au sertissage en passant par le choix des pierres, le façonnage de l'or et du platine, la sculpture de la cire. Rien n’est délégué, tout est sur-mesure. Le petit bureau d’accueil pour ses clients amène même quelques confidences ; comment est votre fiancée lance-t-elle, que fait-elle dans la vie, quelles sont ses passions, ses buts ? Autant de questions pour cerner en détail la personnalité de l’élue et imaginer pour elle le bijoux unique, celui qui marque une vie.

À travers ses commandes et sa propre collection, Laure traduit un contraste saisissant entre la rigueur extrême de la joaillerie et la grande fantaisie qui caractérise la plupart de ses créations. Avec elle, on ne badine pas sur les pierres colorées, les formes voluptueuses et les carats. Un dégradé de couleurs comme un souffle ardent de vie sur une plage de diamants immaculés, une composition asymétrique cinglante de modernité, une monture telle une dentelle d’or qui s’évanouit derrière les pierres qu’elle retient… Laure ose et s’en donne les moyens quitte à y passer plusieurs mois pour trouver l’élément qui sublimera sa création. Il suffit de la voir tourner les pages de sa farde à idées pour que son regard s’anime et que son imagination s’affole. Un jardin, une fleur, un objet ou un monument; Laure s’imprègne constamment de son environnement parisien pour le synthétiser en une création singulière de haute joaillerie.

Pousser la porte de l’atelier de Laure, c’est comme percer le secret de la haute joaillerie dans tout ce qu’elle a de plus exigeant à travers son savoir-faire artisanal, mais aussi dans son audace créative sans limite. C’est aussi rêver en lumière et en couleurs, comme je le fais à travers la photographie.   

 

Alizée de Vanssay, Paris, le 01.12.2023

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La chronique artisanale du luxe
Episode 1

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