Dawn of Beauty
Dans l'atelier du peintre Guy de Malherbe
Quel plus bel échange artistique que la réalisation du portrait photographique d’un ami peintre, celui-là même qui m’initia à l’expérience du portrait peint…
L'artiste Guy de Malherbe occupe un de ces ateliers de peinture comme on les conçoit si aisément dans notre imaginaire. Un lieu rempli de toiles, de pots colorés, de boîtes à crayons, des montagnes de papiers, avec quelques curiosités collectées pour l'étrange beauté de leur altération, tel un bouquet d'artichauts séchés virant à la rouille, une assiette de coquilles d'huitres ou encore un citron bourgeonnant de moisissure. Un atelier à l’apparence désordonnée où il fait bon vivre en toute saison, où flotte la délicieuse odeur du café mêlée aux notes de musique qui accompagnent les heures d’intense création. Un endroit qui est aussi propice à l’évasion grâce aux paysages marins que Guy suspend tout autour de lui, comme des fenêtres ouvertes sur les falaises et leurs rochers qu’il explore inlassablement avec ses pinceaux depuis tant d’années. La large baie vitrée de l’atelier laisse pénétrer un généreux flot de lumière qui inonde sa table de travail, son vieux chevalet, ses étagères de disques, ses livres, ses carnets de dessins. Dans ce fouillis tout en relief se devine alors une palette de couleurs bien à lui, qui ne cesse de traverser le temps et ses sujets de peinture.
Séance après séance au sein de cet atelier à Malakoff, les portraits que Guy de Malherbe réalisait au graphite ou à l’huile évoluaient au fil de nos discussions, de nos humeurs ou encore de l’actualité. Parlez-lui de la dernière exposition que vous avez vu à Paris, de la côte normande ou de l’île de Ré quand l’été approche, questionnez-le sur le plat gastronomique qui lui a inspiré sa dernière toile et vous voilà lancés pour des heures de discussions joyeuses et passionnées. Quelle surprise et quel plaisir ai-je éprouvé en me découvrant à travers son regard, ses coups de pinceaux tantôt millimétrés, tantôt si vifs, parfois d’allure académique ou plus moderniste. La transformation du réel en une image unique et éternelle par le filtre de son savoir-faire et de sa créativité picturale constitue une expérience captivante qui a d’ailleurs bien enrichi ma vision du procédé de portraiture. L’idée d’inverser les rôles me parut alors aussi évidente qu’amusante.
Prenez donc votre ami peintre dans son atelier, ajoutez-y son bleu de travail bien tâché, disposez quelques toiles autour, infusez la séance photo de quelques boutades, saupoudrez l'ensemble de jolis pigments et baignez le tout dans une lumière chaleureuse - celle qui sied aux bons vivants. Serait-ce là le secret d'un portrait fidèle de cet ami artiste?